Un panier plein de fruits et légumes sur une table en bois.

2 exemples :

 

LE PAMPLEMOUSSE ET CERTAINS MÉDICAMENTS NE FONT PAS BON MÉNAGE 

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La consommation de jus de pamplemousse peut modifier l’activité de quelques médicaments et accroître la fréquence et la gravité de leurs effets indésirables. Parmi d’autres médicaments, on retiendra plus particulièrement la simvastatine, un médicament destiné à faire baisser le taux de cholestérol.

Les professionnels de santé et les nutritionnistes le savent depuis une vingtaine d’années, il faut éviter de boire du jus de pamplemousse lorsqu’un médecin vous a prescrit certains médicaments. Si la consommation de pamplemousse ne diminue pas l’efficacité du traitement prescrit, elle a par contre pour effet d’accroître la fréquence et l’intensité des effets indésirables. Le risque est plus important lorsque la dose prescrite par le médecin doit être scrupuleusement respectée sous peine d’effets indésirables plus marqués lorsqu’elle est dépassée.

 

Comment le jus de pamplemousse agit-il ?

 

Pamplemousse_Vitalrest

 

Voici les explications simplifiées données par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). L’absorption intestinale de certains médicaments est régulée par la présence d’une enzyme dénommée CYP3A4. En l’inhibant, des molécules présentes dans le pamplemousse facilitent indirectement l’absorption intestinale de ces médicaments. La biodisponibilité du médicament peut alors être considérablement augmentée, jusqu’à quinze fois avec l’anticholestérolémiant simvastatine. Pour l’organisme, cela revient à recevoir en un jour la dose prescrite pour deux semaines ! Avec l’atorvastatine, la biodisponibilité ne fait que doubler.

La conséquence de l’amplification de la biodisponibilité est de majorer les effets indésirables liés à un excès de médicaments dans l’organisme. Ainsi, une « surcharge » en simvastatine peut provoquer une altération des muscles striés (des muscles dont nous sommes capables de contrôler le fonctionnement, au contraire des muscles lisses comme ceux de l’intestin par exemple).

 

Comment savoir que le médicament prescrit est sensible au jus de pamplemousse ?

Il revient à votre médecin et à votre pharmacien de vous alerter. Vous pouvez également consulter soigneusement la notice qui accompagne tout médicament. Selon l’ANSM, quelques-uns des médicaments concernés sont les suivants : médicaments contre le cholestérol : simvastatine (Zocor) et atorvastatine (Tahor); immunosuppresseurs: ciclosporine (Néoral) et tacrolimus (Prograf); antiarythmiques : dronédarone (Multaq) et ivabradine (Procoralan); antidépresseur : sertraline (Zoloft).

En revanche, aucune publication scientifique n’a mis en évidence de risques accrus avec des antibiotiques, des anticancéreux ou des contraceptifs en cas de consommation de pamplemousse.

Des informations reprises dans des médias font état d’effets équivalents avec du jus de pomme et du jus d’orange. Ce ne sont que des rumeurs qui ne reposent sur aucune base scientifique. À ce jour, seul le jus de pamplemousse est connu pour interagir fortement avec quelques médicaments.

En savoir plus :

« Interaction médicaments et pamplemousse », Agence française de la sécurité sanitaire des produits de santé. https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Interaction-medicaments-et-pamplemousse-Point-d-information

 

LES LÉGUMES FRAIS SONT PLUS RICHES EN VITAMINE C QUE LES SURGELÉS ET LES CONSERVES

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Les légumes récoltés dans son potager et aussitôt cuits à la vapeur sont les plus riches en vitamine C. Ceux qui sont achetés surgelés sont également recommandés. Les légumes « frais » vendus dans les grandes surfaces peuvent avoir des teneurs inférieures à celles des conserves si quelques jours se sont écoulés entre la récolte et la commercialisation.

 

Légumes-récoltés_Vitalrest

Les légumes sont réputés pour leur faible apport en calories et leurs richesses en fibres, en minéraux (potassium, magnésium), en vitamines (provitamine A, vitamines C, K et B9) et en des «phyto- nutriments» dont l’impact sur la santé reste à préciser pour beaucoup d’entre eux : polyphénols et caroténoïdes connus pour leurs propriétés antioxydantes, glucosinolates et autres composés soufrés suspectés de protéger les organismes contre la formation de tumeurs, phytostérols dotés d’un pouvoir anticholestérolémiant. Certaines de ces molécules sont stables, comme les fibres, les caroténoïdes et les polyphénols. D’autres sont plus sensibles : vitamine C, vitamine B9 ou folates, glucosinolates et anthocyanes.

Au regard de cette composition, les diététiciens reconnaissent les caractéristiques suivantes aux fruits et légumes : ne pas faire grossir et contribuer significativement à l’adoption d’un régime alimentaire équilibré riche en fibres, en vitamines et en minéraux. Ils soulignent notamment leur teneur en vitamine C.

Manger régulièrement des légumes (ainsi que des fruits) contribue donc de manière essentielle à satisfaire nos besoins journaliers en vitamine C. Mais à la condition, bien sûr, que celle-ci n’ait pas perdu son activité entre le moment où les légumes sont récoltés et celui où ils sont servis dans nos assiettes. De nombreux sites internet recommandent de les acheter frais sous prétexte que les traitements industriels « tuent » les vitamines, en particulier la vitamine C.

 

Qu’en est-il vraiment ? 

 

Fruits-Légumes_Vitalrest

La teneur en vitamine C des fruits et légumes varie avec les espèces (pois, haricots verts, tomates…), les variétés (pois nain, ridé, rond, à rame…) et les conditions de culture. Mais elle dépend également des conditions de récolte, de transformation (frais, surgelé, en conserve), de commercialisation et de cuisson.  Trois phénomènes contribuent à réduire l’activité de la vitamine C : son oxydation en présence d’oxygène et de la lumière, sa solubilité dans l’eau et sa sensibilité à la chaleur. C’est de l’effet combiné de ces trois facteurs que résultent les pertes en vitamine C entre la récolte et notre assiette.

Le plus marquant est l’oxydation de la vitamine C lorsque la période de stockage se prolonge. Tant que le délai entre la récolte et la consommation est réduit, l’oxydation de la vitamine C reste limitée. C’est le cas pour les légumes récoltés dans son jardin. De même, l’une des caractéristiques de la chaîne de production des légumes surgelés ou en conserve est un délai inférieur à quelques heures entre récolte, surgélation ou appertisation. Par contre, les légumes disposés sur les étals des grandes surfaces subissent le plus souvent de fortes pertes en raison des délais qui séparent la récolte de la vente. Ces pertes sont d’autant plus marquées que les surfaces d’exposition des légumes à l’air sont importantes : les épinards perdent plus rapidement leur vitamine C que les petits pois. Si les épinards sont mixés en purée après cuisson, le contact avec l’air augmente encore et de ce fait également les pertes.

La deuxième cause de perte est la solubilisation de la vitamine C dans l’eau. Elle est très faible lors du blanchiment qui précède la surgélation, limitée dans les boîtes de conserve en raison des faibles volumes d’eau utilisés et maximale quand les légumes sont cuits dans de grandes casseroles remplies d’eau. Chez soi, mieux vaut privilégier une cuisson à la vapeur.

Enfin, la vitamine C peut perdre son activité sous l’action de la chaleur. Les biochimistes la classent parmi les vitamines « thermosensibles ». Que les légumes soient achetés frais, surgelés ou en conserve, ils sont soumis à des températures égales ou supérieures à 100 °C, à moins de les manger crus. Certes, les températures subies lors de la fabrication des conserves sont supérieures à celle de l’eau à l’ébullition, mais les pertes ultérieures sont réduites, car la vitamine C est protégée dans sa boîte contre tout contact avec l’air.

Quand on additionne ces différents effets, on comprend pourquoi les légumes surgelés (surtout) et en conserve (parfois) contiennent des quantités de vitamine C supérieures à celle des légumes vendus par la grande distribution. Mais rien ne vaut les légumes fraîchement récoltés dans son jardin ou achetés directement chez les producteurs, puis cuits à la vapeur, à la condition toutefois de les manger rapidement. Dans tous les cas, il est conseillé de conserver ses légumes dans son réfrigérateur parce que le froid ralentit l’oxydation de la vitamine C.

En savoir plus :

« Les fruits et légumes dans l’alimentation. Enjeux et déterminants de la consommation », Expertise scientifique collective, Synthèse du rapport d’expertise réalisé par l’INRA à la demande du ministère de l’Agriculture et de la Pêche, novembre 2007. http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Expertises/Toutes-les-actualites/Les-fruits-et-legumes-dans-l-alimentation

Extrait de  « Démêler le vrai du faux »

EDPsciences – 230 pages, février 2018